L'analogie est militaire. «On appelle ça un tir de semonce et, généralement, ça veut dire que la guerre est plus proche que la paix», sourit un dirigeant socialiste après la diffusion, vendredi, d'une vidéo où la garde des Sceaux, Christiane Taubira, a ressorti des cartons le récépissé de contrôle d'identité. Un projet pourtant condamné par le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, et enterré par le chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault. Cécile Duflot, la ministre du Logement, était la dernière à en avoir parlé, fin octobre.
La défense du récépissé, une arme antidiscrimination, selon une grande partie de la gauche et des associations, et une réforme qui «ne coûte pas un euro», est d'ailleurs l'un des ciments de l'amicale ministérielle formée par Taubira, Duflot et leurs collègues de l'Economie solidaire, Benoît Hamon, et des Anciens combattants, Kader Arif. Dans laquelle certains voudraient voir un embryon de courant anti-Valls au gouvernement.
Plates-bandes. Invitée jeudi soir par le Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Christiane Taubira «annonce la couleur très clairement» et se dit favorable au récépissé. «La responsabilité de la puissance publique est de mettre un terme à une ambiance, des inégalités, des injustices, des exclusions», déclare celle qui loue la «police républicaine» mais n'entend pas céder à son ministre.
Au petit jeu de celui qui marche sur les plates-bandes de l'autre,