«Je n'ai pas, je n'ai jamais eu de compte à l'étranger. Ni maintenant ni avant.» La phrase a été prononcée le 5 décembre devant les députés. Depuis, Jérôme Cahuzac n'a jamais varié. Ses dénégations ont scandé un feuilleton qui a commencé comme un vaudeville et vient de mettre à terre un pilier du gouvernement.
Car le parquet de Paris a requis hier l'ouverture d'une information judiciaire (menée par un juge d'instruction indépendant) pour «blanchiment de fraude fiscale», mais aussi «perception par un membre d'une profession médicale d'avantages» versés par des entreprises du médicament, et «blanchiment et recel de ce délit». Ce qui vise les activités de consultant de Cahuzac (lire page 4). Comme l'a précisé le parquet, un témoin a déclaré aux enquêteurs que les sommes versées sur le compte suisse «supposé» de l'ex-ministre du Budget «proviendraient de laboratoires pharmaceutiques».
Tout a commencé le 4 décembre. Le site Mediapart lâche une bombe : Cahuzac, l'homme qui vient de lancer un vaste plan de lutte contre l'évasion fiscale, a été titulaire d'un compte en Suisse. Il aurait attendu 2010 pour le fermer, et transférer les avoirs à Singapour. Le lendemain, le site publie un enregistrement téléphonique qui daterait de 2000. On y entend un homme déplorer : «Moi, ce qui m'embête, c'est que j'ai toujours un compte ouvert à l'UBS [l'Union des banques suisses], mais, il n'y a plus rien là-bas, non ? La seu