Ace stade, Jérôme Cahuzac n’est pas mis en examen. Le condamner sans jugement est inenvisageable. Mais si on ne sait rien des suites judiciaires de cette affaire, elle est déjà politiquement éloquente. La première leçon qu’on peut en tirer tient aux rapports de force qui régissent notre écosystème démocratique. Ces dernières semaines, j’ai ainsi été étonnée de voir de grands médias donner de l’écho aux prétendus éléments venus de Suisse qui auraient dédouané l’ex-ministre du Budget. Rien ne permettait de tirer d’un document chétif une quelconque conclusion allant en ce sens. Mais voilà, les communicants ont fait leur travail d’intoxication pour rendre possible le maintien à son poste de Cahuzac.
Ce dernier a été mal inspiré de suivre les conseils de ceux qui l’ont enjoint de tenir bon. Sa défense s’en trouve amoindrie, avec le sentiment qu’il a tenté d’utiliser l’administration dont il avait la tutelle pour couvrir une faute supposée. Le voilà devenu un coupable tout désigné pour le tribunal le moins indulgent qui soit, celui de l’opinion. C’est pourtant pour garder les faveurs de cette dernière que l’ex-ministre a mené une bataille d’une violence inouïe contre Mediapart, conseillé par des professionnels de la lutte de caniveau. Le storytelling est souvent l’ennemi de la vérité.
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