Professeur d'histoire contemporaine à l'université de Versaille-Saint-Quentin, Christian Delporte dirige la revue le Temps des médias. Selon lui, les politiques sont passés «de la petite phrase à l'attaque lapidaire», dans une dangereuse «stratégie de la campagne permanente».
Constatez-vous une généralisation de la violence verbale dans la sphère politique ?
Le climat est lourd, la période est violente. Et cette violence verbale correspond souvent à des stratégies pour attirer l’attention des médias. Jusqu’à présent, on le voyait d’abord aux extrémités du champ politique en période de campagne électorale, mais c’est maintenant devenu monnaie courante. Il y a quelque chose de l’ordre de la campagne permanente et cela abîme la parole des responsables politiques dans leur ensemble. Dans ce domaine, il y a une responsabilité du quinquennat précédent, où la parole s’est tellement décomplexée qu’elle en a perdu de la valeur.
Cette violence est-elle si nouvelle ?
Des hommes politiques qui s’insultent, ça existait il y a un siècle à la Chambre des députés. Et à l’époque, ils se battaient souvent au sens propre. Mais, même si on en parlait, cela se faisait dans un espace relativement fermé. Presque en privé. Aujourd’hui, les politiques choisissent l’espace public, qui rejoint celui médiatique, pour tenir des propos insultants qui n’y avaient pas leur place. Ils s’en servent pour dramatiser l’espace politique, ce qui est particulièrement aisé en temps de crise. Au détriment de la complexité. Un politique qui voudrait parler de fond ne serait pas entendu.
Derrière la force des mots, n’est-ce pas souvent l’incapacité des politiques à changer le cours des choses qui affleure ?
Quand on est privé d’actio