Menu
Libération

Les politiques passent les bornes

Article réservé aux abonnés
«Salopard», «familles gazées»… toutes les outrances semblent désormais bonnes pour sortir du lot.
Journée du Remue-méninges du Parti de gauche (PG) dans le cadre de son université d’'été, le 24 août 2012 à Saint-Martin-d'Hères (Isère). (Photo Pierre Morel)
publié le 25 mars 2013 à 22h36

Un député accuse un magistrat d'avoir «déshonoré la justice», un responsable de parti traite un ministre de «salopard», un ex-ministre accuse la préfecture de police de Paris d'avoir «envoyé des gaz contre des enfants» lors de la manif antimariage gay… Depuis près d'une semaine, il n'y a plus de limites dans l'invective publique. Et, de fait, plus de place pour le débat. «Quand on est privé d'action, il ne reste plus que les mots», constate l'historien Christian Delporte (lire ci-contre). Et plus les mots sont violents, plus ils saturent l'espace.

La séquence s'est ouverte mercredi soir avec la mise en examen de Nicolas Sarkozy. Dès le lendemain, «le clan» des amis de l'ex-président part à la chasse «en meute», comme le dénoncera, très agressif, le porte-parole du PS David Assouline. Henri Guaino, ex-plume du chef de l'Etat et député des Yvelines, s'emballe : «Je conteste la façon dont il [le juge Jean-Michel Gentil, ndlr] a fait son travail. Je la trouve indigne, je trouve qu'il a déshonoré un homme, les institutions, la justice…» Sans oublier de juger qu'il «a sali la France». Diatribe qui lui vaut une citation à comparaître pour «outrage à magistrat».

Refrain antijuges. Jean-François Copé choisit de défendre l'élu UMP. Du bout des lèvres : «En tant que président de l'UMP, je suis solidaire de sa liberté d'expression…» La sarkozyst