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Libération

L’Histoire avec paroles

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publié le 29 mars 2013 à 19h06

On se plaint du langage ordurier et sans tenue de la classe politique. Il s'agit, nous explique-t-on, d'un symptôme de la crise profonde qui oppose le «personnel» politique aux véritables détenteurs du pouvoir. Impuissante face aux «puissants», la classe politique exprimerait là sa faiblesse en hurlant «salaud» par-ci, «salope» par-là et bien d'autres amabilités tout aussi déplaisantes. On ajoute que si l'on continue à employer tant d'obscénités en public, à s'insulter, à dire des phrases inconvenantes, on fera le lit de l'extrême droite, championne des invectives et des outrances.

Dommage que les médias et autres esprits alertes soient peinés par quelque chose qui devrait plutôt être un motif d’enthousiasme. Dommage qu’ils crient à la décadence, à la fin du politique alors que cette effervescence devrait être perçue comme un signe du renforcement du régime démocratique.

Plusieurs arguments étayent ce diagnostic. Dans les Parlements, la violence verbale est la norme. Pourquoi donc s’en offusquer puisque, dans ces lieux cruciaux de la démocratie, toutes les outrances sont autorisées ? N’en déplaise à certains, la violence verbale n’est que de la parole et rien d’autre. Considérer qu’une insulte est analogue à un coup-de-poing ou de revolver est au contraire antidémocratique. Car, dans l’Histoire, l’immunité de la parole des parlementaires a été une conquête démocratique de premier ordre. Non par caprice, mais parce que si l’on impose des règles trop strictes p