Béatrice Majnoni d’Intignano (photo DR), professeure émérite à l’université Paris-Est-Créteil et auteure de
Femmes, si vous saviez…
et de
l’Iceberg féminin,
réagit au rapport Fragonard.
C’est grave, ce coup de canif dans le principe de l’universalité des allocations familiales où chaque famille reçoit selon ses besoins et non selon ses moyens ?
Notre politique familiale a été mise en place dès 1938 et elle a été renforcée après la guerre. Elle est ni de droite ni de gauche et n’a jamais été remise en cause. Et voilà que le gouvernement actuel lance des ballons dans tous les sens. C’est une absurdité. Pour moi, il est important de ne pas brouiller le message à l’égard des familles. Les allocations familiales assurent d’abord l’égalité entre les familles avec ou sans enfants, à niveau de revenu égal. Il n’y a pas de raison que les familles avec enfants soient pénalisées, quand bien même elles ont des revenus élevés. Le second message qu’envoie aux couples l’universalité des allocations, c’est celui de l’égalité entre l’homme et la femme au regard du travail. Elles invitent les femmes à garder leur emploi au fur et à mesure que le revenu du couple s’élève. Moduler les allocations en fonction des revenus pourrait inciter les femmes à quitter le marché du travail. Or il est dangereux pour une femme de se reposer pour elle-même et pour ses enfants sur le revenu d’un compagnon qui n’est pas durable. Il faut lui donner la même liberté.
La troisième raison de ne pas toucher aux allocations, c’est leur impact sur la démographie. La France est un des seuls pays avec l’Irlande à conserver un taux élevé de fécondité. C’est presque