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Hollande, quatre mois dans le déni

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Depuis la révélation de l’affaire Cahuzac par Mediapart, les signaux qui auraient dû alerter le Président se sont multipliés. Pour l’opposition, il pouvait mais ne voulait pas savoir.
Jérôme Cahuzac et François Hollande le 4 juillet 2012 à l'Elysée. (Photo Marion Berard. AFP)
publié le 3 avril 2013 à 22h36

Stupéfaction et colère. Dans une allocution solennelle et enregistrée, François Hollande a accusé hier son ancien ministre du Budget d'avoir «trompé les plus hautes autorités du pays : le chef de l'Etat, le chef du gouvernement, le Parlement et à travers lui tous les Français». Un peu rapide : de nombreux signaux d'alerte sont parvenus à l'Elysée, à Matignon et à Bercy depuis quatre mois que Mediapart a révélé l'existence du compte en Suisse de Jérôme Cahuzac. Le président de la République et son gouvernement n'ont-ils pas sous-estimé de nombreuses alarmes ? Inconscience ou négligence ? Hier après-midi, un proche conseiller de Hollande a reçu un coup de fil d'un député de droite, une vieille relation qui lui demande : «Comment avez-vous pu ne pas savoir ?» Réponse : «Ils nous font un procès en naïveté. Nous avons pensé que le plus simple était d'attendre le résultat de l'enquête de justice.»

5 décembre «Les yeux dans les yeux»

Le lendemain des révélations de Mediapart, qui accuse le ministre du Budget d’avoir détenu, jusqu’au début 2010, un compte en Suisse, puis à Singapour, François Hollande prend la mesure de l’affaire. Dans le TGV de retour de l’inauguration du Louvre-Lens, il appelle Jérôme Cahuzac. Qui dément avec véhémence. Ce jour-là, Mediapart sort l’enregistrement d’un homme présenté comme Jérôme Cahuzac qui avoue son embarras à propos d’un compte détenu à l’Union des banques suisses (UBS).

Le week-end suivant, Hollande rencontre Cahuzac, cette fois en tête à tête. Il dément de nouveau, «