Stupéfaction et colère. Dans une allocution solennelle et enregistrée, François Hollande a accusé hier son ancien ministre du Budget d'avoir «trompé les plus hautes autorités du pays : le chef de l'Etat, le chef du gouvernement, le Parlement et à travers lui tous les Français». Un peu rapide : de nombreux signaux d'alerte sont parvenus à l'Elysée, à Matignon et à Bercy depuis quatre mois que Mediapart a révélé l'existence du compte en Suisse de Jérôme Cahuzac. Le président de la République et son gouvernement n'ont-ils pas sous-estimé de nombreuses alarmes ? Inconscience ou négligence ? Hier après-midi, un proche conseiller de Hollande a reçu un coup de fil d'un député de droite, une vieille relation qui lui demande : «Comment avez-vous pu ne pas savoir ?» Réponse : «Ils nous font un procès en naïveté. Nous avons pensé que le plus simple était d'attendre le résultat de l'enquête de justice.»
5 décembre «Les yeux dans les yeux»
Le lendemain des révélations de Mediapart, qui accuse le ministre du Budget d’avoir détenu, jusqu’au début 2010, un compte en Suisse, puis à Singapour, François Hollande prend la mesure de l’affaire. Dans le TGV de retour de l’inauguration du Louvre-Lens, il appelle Jérôme Cahuzac. Qui dément avec véhémence. Ce jour-là, Mediapart sort l’enregistrement d’un homme présenté comme Jérôme Cahuzac qui avoue son embarras à propos d’un compte détenu à l’Union des banques suisses (UBS).
Le week-end suivant, Hollande rencontre Cahuzac, cette fois en tête à tête. Il dément de nouveau, «