Jean-Pierre Mignard (photo Reuters), ami proche de François Hollande depuis les années 70, est avocat et membre du PS. Candidat battu aux dernières législatives à Marseille, il est aussi le défenseur de Mediapart dans l’affaire qui a opposé le site d’information à Jérôme Cahuzac.
Quand vous avez pris connaissance des révélations de Mediapart, en avez-vous parlé avec François Hollande ?
J’ai tout de suite compris que c’était une affaire extrêmement importante, mais je ne lui en ai pas parlé avant la publication. Après, les rares fois où le Président et moi avons évoqué cette question, je lui ai dit ce que j’en savais, c’est-à-dire ce qui était écrit. Pour lui, les principes de droit devaient trancher le problème. Il connaissait la réputation de Mediapart et avait bien conscience que ces informations n’étaient pas à prendre à la légère. Mais sa doxa était toujours l’existence de preuves.
N'a-t-il pas tardé avant de demander la démission de son ministre ?
Son raisonnement a été d’aligner sa réaction sur les séquences de la procédure judiciaire. Le déroulement de l’affaire a montré par la suite que cette attitude avait sa cohérence : ouverture d’une enquête préliminaire pour blanchiment de fraude fiscale, ce qui n’est pas anodin et même très agressif à l’égard de Jérôme Cahuzac, puis ouverture d’une information judiciaire, suivie de la démission demandée du ministre. La procédure a suivi son cours, sans freins ni entraves. La justice s’est montrée indépendante, sans précautions particulières pour le statut de Jérôme Cahuzac. Pour moi, c’est l’aspect lumineux, le seul, de cette sombre affaire.
Au sommet de l’Etat, n’y avait-il pas des soupçons ?
Est-ce que des doutes suffisent pour devenir des soupçons ? Et