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Portrait

Les dix vies de Jérôme Cahuzac

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Médecin isolé, élu local apprécié, socialiste tempéré, il a connu la consécration avec le ministère du Budget. Avant la chute.
Jérôme Cahuzac à l'université d'été du PS à La Rochelle, en août. (Photo Stephane Mahe. Reuters)
publié le 7 avril 2013 à 22h46

C'est une vie qui clignote comme une boule à facettes. Et seul Jérôme Cahuzac, ce «lonesome cow-boy» comme dit un socialiste, sait ce qui la fait tourner. S'il est prouvé qu'il a tenté de placer 15 millions et non 600 000 euros à Genève, ce qu'affirme la télévision suisse, l'argent en serait le principal moteur. Cahuzac est toujours «parti dernier et arrivé premier», constate un autre socialiste. Et toujours plus riche au final.

Sa carrière de médecin l’illustre. Cahuzac a débuté dans un service de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, à ouvrir des ventres pour un salaire de fonctionnaire. Et a fini comme chirurgien esthétique dans le cabinet qu’il avait ouvert avec sa femme dermatologue, près des Champs-Elysées. A déplumer les VIP en remplumant leurs crânes dégarnis, tout en faisant du consulting pour les laboratoires pharmaceutiques. Il est proche des PDG, à cette époque, l’un d’eux lui prêtera même son yacht. En 1992, Cahuzac a fait l’objet d’une enquête fiscale sans lendemain, soupçonné de financement occulte de parti politique. Un soupçon qui empoisonnera toutes ses vies.

Cahuzac a-t-il contribué à un trésor de guerre socialiste ? Son parcours de santé au PS, autre facette brillante, pourrait y trouver sa source. Depuis les années 90 et son passage dans le cabinet Evin, Cahuzac a couru dans toutes les écuries présidentielles. Il a été rocardien, jospiniste, strauss-kahnien, et son entrée au gouvernement n’a pas fait un pli en 2012. Au PS comme ailleur