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Libération

A Tulle, le dernier citoyen

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publié le 14 avril 2013 à 19h06

Dans les rues désertes de Tulle, François Hollande traque le passant, devant la cruelle caméra du Petit Journal. Il entre dans les boutiques. En ressort quelques secondes plus tard. Il arrête même les voitures pour serrer des mains à travers la vitre baissée. Il faut nourrir les 20 heures du soir. Aucun signe évident d'affection ou d'hostilité : les Tullistes lui tendent la main comme on donne une pièce. Simplement, en ce début d'après-midi, il n'y a personne. Le matin, paraît-il, des manifestants «antimariage pour tous» l'ont attendu devant la préfecture. Mais ils sont sans doute rentrés chez eux. A présent, ils digèrent. L'événement ne vaut tout de même pas une journée entière de mobilisation.

Où sont donc les passants ? Où sont les citoyens ? Où est passé le pays tout entier ?

Au cœur de la tourmente qui électrise Paris, au cœur de ce week-end de fièvre et de rumeurs de remaniement, au cœur des «qui savait quoi ?» sur le fraudeur Cahuzac, au cœur de la tornade de la transparence et du choc de moralisation, à l’orée du grand déballage des plans d’épargne et des appartements, au cœur de la crise européenne et mondiale, un petit homme se promène dans une ville fantôme, seulement escorté de gardes du corps et de caméras.

Beaucoup de caméras. Qui créent à elles toutes seules l'impression de confusion, comme d'habitude. «On va pas y arriver», maugrée plusieurs fois François Hollande. Personne ne comprend exactement à quoi il veut «arriver». Sans l'essaim de camér