Il aura fallu à peine deux mois à la justice pour boucler l’affaire Cahuzac. Les aveux de l’ancien ministre du Budget, lors de sa mise en examen le 2 avril, sont simplement venus confirmer ce que les juges savaient déjà. Dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte pour blanchiment de fraude fiscale le 8 janvier au parquet de Paris, les enquêteurs de la Division nationale d’investigations financières et fiscales (Dniff) ont d’abord mené une dizaine d’auditions. Certains de ces témoignages leur ont permis de lancer une demande d’entraide à la Suisse pour une série de perquisitions bancaires très ciblées. Mais quels ont été les témoignages déterminants ? Qui a parlé ? Retour sur cette enquête où subsistent certaines zones d’ombre, qui permettent aux thèses les plus variées - intervention d’agents du Renseignement, fuite provenant de l’armée…- de s’épanouir.
Après avoir entendu les acteurs les plus «médiatiques» de l'affaire - Michel Gonelle, l'ex-maire de Villeneuve-sur-Lot auteur de l'enregistrement révélé par Mediapart, l'ancien agent du fisc Rémy Garnier… - les enquêteurs de la Dniff se rendent à Annecy. Le 13 février, ils y auditionnent comme témoin, dans la plus grande discrétion, un banquier français installé à Genève. D'après nos informations, ce témoin-clé n'est autre que Pierre Condamin-Gerbier, ancien associé-gérant de la banque Reyl & Cie à Genève, où Cahuzac a transféré son compte fin 2000. Ce banquier est également l'ancien président de la fédération