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Interview

Claude Bartolone : «La démocratie paparazzi, ce n’est pas mon truc»

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Le président de l’Assemblée souhaite plutôt un contrôle efficace.
Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, le 6 avril à Paris. (Photo Kenzo Tribouillard. AFP)
publié le 15 avril 2013 à 21h46

Pour Claude Bartolone, la publication des patrimoines des ministres et des élus n'est pas une «arme antifantasme» comme l'a déclaré le patron du PS, Harlem Désir… Au contraire. Le président de l'Assemblée met en garde contre l'excès de transparence.

Les ministres publient aujourd’hui leur patrimoine. Que pensez-vous de cette initiative ?

La démocratie paparazzi, ce n’est pas mon truc. On va assister au hit-parade des riches, des pauvres, de ceux qui ont réussi, pas réussi ! C’est censé être une réponse à l’affaire Cahuzac, mais la publication des patrimoines des ministres - et des élus - n’aurait rien empêché : Monsieur Cahuzac n’aurait pas déclaré un compte à Singapour. Ce sont la liberté de la presse et l’indépendance de la justice qui ont permis la révélation de cette affaire. Renforçons ces deux piliers de la démocratie.

Vous avez transmis une longue note d’alerte à Jean-Marc Ayrault sur la transparence…

Il faut modifier la règle du jeu, pour rassurer les Français sur le fonctionnement de la démocratie… mais pas en jetant les élus en pâture. Ils ne sont pas responsables du naufrage moral de Monsieur Cahuzac.

Qu’avons-nous à perdre à jouer la transparence ?

Nous n’avons rien à y gagner : cet affichage ne permet pas de démasquer les fraudeurs, et cet exhibitionnisme n’éteint pas les doutes des citoyens. L’un des pays les plus transparents vis-à-vis du patrimoine, c’est l’Italie. Cela a-t-il empêché les rumeurs d’affairisme de toucher les politiques ? Cela peut au contraire renforcer l’antiparlementarisme. Déjà, des observateurs disent que ce n’est pas suffisant, qu’il faut publier le patrimoine des conjoints, des enfants… Des dizaines de milliers de personnes peuvent se retrouver sous l