Ça aura été dur jusqu'au bout. Peu après 17 heures, hier, le gouvernement annonce que, pour que toutes les «conditions de sécurité et d'accessibilité» soient remplies, la publication du patrimoine des ministres est retardée. Elle aura finalement lieu à 18 heures. Mais qu'importe : si elle va à son terme, l'opération transparence imposée par François Hollande pourrait bien modifier en profondeur le rapport des Français à leurs dirigeants politiques.
«Grand déballage»
Depuis hier soir, ils peuvent donc concrètement évaluer, soupeser, comparer, s’amuser aussi, du patrimoine de ceux qui les gouvernent. Et ce n’est pas fini. Dans le texte qui sera présenté le 24 avril en Conseil des ministres, les parlementaires, les présidents de collectivités territoriales, les membres des cabinets et les directeurs d’administration centrale devront, eux aussi, en passer par là. Au vu et au su de tous les citoyens.
A gauche comme à droite, les réticences ont été intenses pour éviter ce que certains qualifient de «grand déballage». Mais l'exécutif n'a pas cédé, persuadé qu'il tenait là une réponse politique forte - et rapide - à la déflagration Cahuzac. Toujours ébranlés par cette affaire qu'ils aimeraient tant purger, François Hollande et son Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ont choisi de frapper les esprits, en touchant à l'un des grands tabous français : l'argent (lire page 7). Mais aussi en s'attaquant au tabou dans le tabou : l'argent en politique. Cette opération comma