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Libération
TRIBUNE

La fin d’un complexe ?

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publié le 17 avril 2013 à 19h06
(mis à jour le 18 avril 2013 à 15h04)

Et si la publication précipitée du patrimoine des membres du gouvernement avait un effet psychologique imprévu ? Et si, en exhibant la fortune réelle ou imaginaire des ministres, en la théâtralisant toutes affaires cessantes, la gauche commençait à se débarrasser de son complexe éternel à l’égard de l’argent ? Et si, en détaillant la réalité sociologique des 38 personnages qui constituent le gouvernement Ayrault, les socialistes atterrissaient sur un monde réel ? Ce que démontre en effet la publication des biens des ministres, c’est à quel point ils sont dans la norme, à quel point ils ressemblent à ceux qui appartiennent à la même catégorie sociale qu’eux. Les patrimoines ministériels correspondent à ceux des autres cadres et cadres supérieurs.

Il y a quelques héritiers - Laurent Fabius, Michèle Delaunay -, il y a des couples de hauts fonctionnaires ou de cadres, il y a de jeunes ministres sans patrimoine ou des ministres plus âgés aux fortunes modestes. C’est l’éventail de la France de ceux qui ont fait des études supérieures, réussissent plus ou moins bien, héritent ou non de leurs parents et s’échelonnent selon leurs parcours professionnels, les uns ayant acheté au bon moment appartements ou maisons, les autres, plus privilégiés, ayant aussi une résidence secondaire ou locative. Peu d’actionnaires, des portefeuilles plus ou moins garnis en assurance-vie : la France ordinaire des catégories moyennes, moyennes supérieures ou supérieures inférieures. Le reflet exact du cœur