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Libération
Récit

La haine ne se cache plus

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Intimidations, insultes et menaces : le climat se durcit contre les ministres et les élus pro-mariage pour tous.
Le député PS à l'Assemblée nationale Erwann Binet, rapporteur du projet de loi pour le mariage homosexuel,le 5 février à Paris. (Photo Charles Platiau. Reuters)
publié le 17 avril 2013 à 22h16
(mis à jour le 18 avril 2013 à 13h31)

Le ton a durci. Les mails, souvent, sont signés. Et ont changé de nature. Depuis la Manif pour tous du 24 mars contre l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe, la radicalisation des opposants ne se cantonne plus aux défilés. Les assauts ciblent les responsables politiques qui portent ce texte ou le défendent. Au ministère de la Famille, depuis le vote au Sénat la semaine dernière, on remarque une «recrudescence» des courriers adressés à Dominique Bertinotti. Ces messages sont plus virulents. «Malade, folle à lier ou soumise à la gaystapo ?» s'interroge un courrier du 5 avril. «Attaquer le mariage pour satisfaire une poignée de lesbiennes névrosées qui veulent jouer à la dînette avec de vrais enfants, c'est un crime contre l'humanité.» On retrouve la même outrance dans d'autres messages. Tutoiement, personnalisation des attaques, véhémence, amalgames…

Erwann Binet, le rapporteur PS du texte, qui a dû annuler ses interventions publiques, en a reçu des flopées. Dans certains, on lui parle de sa femme, de «l'intimité de [son] lit conjugal», on l'interpelle comme catholique. On lui adresse une liste «de ceux qui trahissent la France et qui finiront pendus par les pieds comme Mussolini ou suicidés comme Goebbels», avec 22 noms d'élus de la République, accolés à des injures. «J'ai toujours pensé que les badges et les tee-shirts roses étaient un moyen de cacher une certaine homophobie, mais je n'aurais pas pensé