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Libération
Interview

«La volonté et la sincérité ne sont pas au rendez-vous»

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Fondatrice d’Anticor, Séverine Tessier plaide pour une séparation absolue :
publié le 18 avril 2013 à 22h26

Porte-parole de l'ONG anticorruption Anticor, Séverine Tessier juge qu'au-delà de la question du patrimoine des élus, une moralisation de la vie publique passe d'abord par la lutte contre les conflits d'intérêts, «le nom pudique des trafics d'influence».

Que pensez-vous de l’obligation faite aux ministres de publier leur patrimoine ?

Je suis étonnée de constater à quel point la réaction du gouvernement passe à côté des vrais enjeux en matière de lutte anticorruption. Ce à quoi nous assistons, à savoir le grand déballage des patrimoines, est aux antipodes de la transparence républicaine et du contrôle démocratique que nous appelons de nos vœux. Cet exhibitionnisme patrimonial est, de notre point de vue, une façon de faire diversion au regard de la réalité de la situation. Il ne faut pas se voiler la face : l’affaire Cahuzac est une affaire parmi tant d’autres ; elle ne fait qu’illustrer l’affairisme en politique et les pratiques frauduleuses que nous dénonçons depuis des années.

N’est-ce pas, néanmoins, un véritable effort de transparence que fait le gouvernement ?

Je pense surtout que cet affichage des patrimoines occupe trop d’espace médiatique et de temps démocratique. C’est autant d’énergie en moins consacrée à s’occuper des scandales à répétition qui polluent la vie politique et publique. Cette publicité du patrimoine est une mauvaise réponse. L’essentiel est ailleurs, dans l’obligation déclarative et le contrôle démocratique. Pour lutter contre l’enrichissement sans cause, il suffirait de donner de vrais pouvoirs d’injonction et de sanction à la commission pour la transparence financière de la vie politique, qui existe depuis 19