Il porte une chemise orange trop échancrée qui laisse deviner un torse usé, fatigué. Pourtant, le vieil homme attend ces élections territoriales (1er tour dimanche, second tour le 5 mai) avec l'excitation du jeune premier. A son bureau du Tahoeraa, son parti où les gens lui donnent du «monsieur le président» à tout bout de champ, Gaston Flosse soupire : «Elle traîne cette campagne, les gens veulent en finir.» Son QG est un immeuble simple de Papeete. Aux murs, des photos montrent un Jacques Chirac encore fringuant, ici en Afrique, là avec Bernadette, croulant sous des colliers de fleurs.
En vrai, personne ne sait qui tient la corde dans ce scrutin. A part Flosse bien sûr, qui spécule sur son score façon Madame Irma : «Je vois une forte participation, 65 ou 67%, et je m'appuierai sur une majorité de 37 à 40 sièges» (l'Assemblée compte 57 députés). En 2004, c'était le même topo, il se voyait grand gagnant, il avait prévu le feu d'artifice et un banquet aux sushis (la note de 24 000 euros réglée aux frais de la présidence lui a valu un procès pour détournement de fonds) avant d'être vaincu par l'indépendantiste Oscar Temaru.
Depuis, Tahiti vit au rythme des renversements : un coup de vent, une veste retournée et les majorités valsent d'un camp à l'autre. Flosse se refuse à parler de revanche, mais c'est bien de cela qu'il s'agit : d'un retour fracassant, un scénario où le héros revient au bercail récupérer le trône subtilisé, «son» siège de p