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Libération
TRIBUNE

Ce que l’affaire Cahuzac révèle

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publié le 21 avril 2013 à 19h06

Jérôme Cahuzac, pour s’être extrait il y a quelques années de son devoir de solidarité fiscale, aura involontairement donné une indication sur notre époque politique. Qu’une affaire de cette nature - un ministre chargé de lutter contre la fraude fiscale s’y étant lui-même livré - ait pu créer un scandale politique, voilà qui n’a rien de surprenant. Mais ce qui surprend, c’est l’ampleur de la crise politique qu’elle a ouverte.

Car les scandales politiques relèvent toujours d'une interaction entre une période et les faits constitutifs de ce scandale. Un scandale apparaît d'autant plus profond que la trame de l'époque est tissée de la perception d'un dérèglement dont on doute que les titulaires du pouvoir puissent en dessiner l'issue, que ce dérèglement soit moral, économique ou institutionnel. Scandale de Panama dans une IIIe République peinant à imposer sa légitimité, scandales des années 30 dans une IIIe République crépusculaire où virevoltaient ces responsables politiques à la «nullité digne» selon les mots de Eugen Weber, scandales politico-financiers des années 70 en plein effondrement du gaullisme comme matrice politique de la Ve République. Tous les grands scandales de la République sont à rattacher à cette vérité simple et têtue.

De quoi est alors tissée la trame de notre époque ? De la défaillance de la morale politique, la morale politique étant ici à entendre comme la fidélité aux idéaux que les responsables politiques sont ce