Intérieur nuit, rue Cauchy, XVe arrondissement de Paris. Lit quasi conjugal encombré de deux adultes consentants, dont l'un digère mal la surdose de cacao ingérée et laisse son esprit ballonné battre la campagne.
«Comment, mais comment, je vais leur faire avaler ça, moi ? 20 milliards d’économies en 2014, après les 30 milliards de 2013 ? Dès ce mardi, au Parlement, la gauche qui devrait me soutenir va tordre le nez devant l’effort demandé et la droite va me balancer ses sempiternels "c’est pas assez". Et puis, bientôt ce sera au tour de la Commission européenne et d’Angela Merkel de me sermonner à coup de "c’est vraiment pas assez".
«Moins, toujours moins. Il faut moins de dépenses, moins de jactance, moins d'indulgence. Il faut visser les boulons, clouter les budgets, serrer les kikis. "Il n'y a pas d'alternative", susurrait la «Dame de fer». Mais, moi, c'est pas ma came, la contrainte, la schlague, l'autoritarisme. Alors qu'est-ce que je fais là, hein, pourquoi je me suis mis dans ce mauvais pas, moi qui déteste taper sur les doigts qui triturent la couture des pantalons, moi qu'angoisse le silence dans les rangs ? Je suis un gentil, un doux, un cachou, un hibou qu'on prend sur ses genoux pour lui lustrer les ailes et lui exorbiter la confiance. Et puis à la fin des fins, qu'est-ce que c'est que ce pays qui veut un chef, un vrai, pour mieux le couvrir de goudron et de plumes ?
«Trop, vraiment trop. J'ai repiqué au truc. Il est loin le régime Dukan et sa bo