Silence. Il est presque 17 heures dans l'hémicycle bondé. Après cent trente-six heures et quarante-six minutes de débat, Claude Bartolone, président (PS) de l'Assemblée met aux voix le texte qui ouvre le mariage et l'adoption aux couples homosexuels. «Pour !» crie un socialiste. On entend les clics des clapets qui protègent les boutons de vote électronique. Cela va vite, très vite. Trop pour Henri Guaino, opposé à la loi, mais qui, doté d'un inconscient surdimensionné, se trompe de bouton. Depuis le perchoir, Claude Bartolone annonce : 331 voix pour (dont les UMP Benoist Apparu et Franck Riester, les centristes Jean-Louis Borloo, Jean-Christophe Lagarde et Yves Jégo), 225 contre (dont quatre socialistes) et 10 abstentions (dont Nathalie Kosciusko-Morizet ou Bruno Le Maire). Il ne cherche même pas à réprimer un sourire.
Avant même la proclamation des résultats, la droite déserte. Ses élus se bousculent, piétinent à la queue leu leu pour sortir. Ils ont le pas lourd et désapprobateur de ceux qui ont perdu. Tout d'un coup, une clameur. Dans les rangs d'en face, tout le monde se lève. Des hommes et femmes debout qui transforment l'hémicycle en gigantesque caisse de résonance : «Egalité ! Egalité !» Un député de droite filme la scène avec une moue de dégoût. Au premier rang, les deux ministres qui ont porté le texte, Christiane Taubira (Justice) et Dominique Bertinotti (Famille), se sourient et s'enlacent. Tout d'un coup, on s'embrasse beaucoup, on se fait des ac