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Libération

François Hollande et le déficit d’Histoire

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publié le 1er mai 2013 à 19h07

La politique a besoin d’Histoire, surtout en France, surtout en période de crise. Notre démocratie vit depuis plus de deux siècles au rythme de débats scandés presque obsessionnellement par les références historiques. Chaque camp, chaque parti, chaque famille politique possède sa galerie de héros totémiques et son enfer d’ennemis emblématiques, ses dates fétiches et ses dates repoussoirs. Pour les socialistes, les figures de Jean Jaurès, de Léon Blum, de François Mitterrand constituent des références obligées. Au-delà, les principales figures de la Révolution, de 1848, de la Commune de Paris, de la Résistance émaillent les discours et ponctuent les débats. Même phénomène à droite, avec d’autres symboles. L’évocation d’une date ou d’un personnage peut déclencher instantanément le feu au Palais-Bourbon. L’affaire Dreyfus a ressurgi au détour d’une intervention du Premier ministre Lionel Jospin.

C'est ce que les présidents successifs de la Ve République avaient compris et intégré, chacun à sa manière, chacun selon son style. Le général de Gaulle était lui-même l'Histoire, l'incarnait, en jouait comme personne. Le pédagogue Valéry Giscard d'Estaing n'omettait jamais de placer l'aventure européenne dans ses perspectives historiques. François Mitterrand, lecteur érudit, inlassable de Mémoires et de biographies, savait dans les grandes occasions mobiliser l'Histoire au service de son verbe. Jacques Chirac, qui s'affichait moins intellectuel, n'en plongeait pas moins avec