La politique, le pouvoir et ses griseries dévorent parfois - plus goulûment encore - ceux qui préféraient rester en lisière. Dix ans passées aux côtés de Nicolas Sarkozy ont métamorphosé Claude Guéant. Que reste-t-il du «Cardinal» de la Place Beauvau, réputé pour sa grande intégrité et son sens de l’Etat ? Une vulgaire défroque…
Au début de l'aventure, en 2002, son ambition était de colmater les frasques du sarkozysme, de tempérer les fulgurances de son mentor en lui apportant le vernis rassurant du «grand commis» . Le voilà cerné par la justice (volet fiscal de l'affaire Tapie, financement libyen de la campagne présidentielle de 2007), soupçonné d'être un acteur majeur des dérives politico-affairistes du précédent régime. Et pour pimenter le tout, il y ajoute une rocambolesque histoire de tableaux hollandais , doublée d'une distribution de billets au ministère de l'Intérieur.
«Déontologie». Jolie dégringolade morale pour celui qui, comme tant de responsables politiques désireux de monnayer leurs réseaux, est devenu avocat en décembre en déclarant : «C'est une profession qui m'a toujours séduit par la très grande indépendance qu'elle permet à ceux qui l'exercent, par la déontologie rigoureuse qui s'applique à elle, […] très en phase avec la déontologie de la fonction publique qui était la mienne.»
Guéant est «fondamentalement un policier, il connaît la noirceur des hommes», confiait un ancien Premier min