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Libération
TRIBUNE

François Hollande, liquidateur de la social-démocratie

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par Eric Fassin et Michel Feher, Philosophe
publié le 5 mai 2013 à 19h07

«On veut du boulot, pas du mariage homo !» Ce slogan de la «manif pour tous» résonne jusque dans la majorité présidentielle. La Gauche populaire s'inquiète ainsi que le «sociétal» fasse oublier le «social» : le chômage n'est-il pas la préoccupation principale des Français ? Depuis un an, la «question homosexuelle» n'aurait servi qu'à égayer l'opinion, comme pour faire oublier les vrais enjeux, en dernière instance économiques. Le président de la République aurait-il entendu ces critiques ? Le 24 avril, après l'adoption du mariage pour tous, il «appelle chacun à chercher l'apaisement» : «Tout maintenant doit être consacré à ce qui est l'essentiel, c'est-à-dire la réussite économique de notre pays et la cohésion nationale.» Après le dissensus, le consensus : telle est désormais la feuille de route de son mandat. Faut-il pourtant s'en réjouir - du moins, à gauche ? L'union nationale ne conduit-elle pas le Président à rallier une politique néolibérale inféodée aux marchés que le candidat raillait naguère ? Car qui peut croire encore que le véritable adversaire de François Hollande soit la finance ? Qui peut douter qu'elle gouverne toujours sans être élue ? Sans doute l'opposition de droite continue-t-elle de déplorer que le gouvernement ne soit pas davantage soumis à son «empire» ; mais la majorité s'accorde avec sa gauche pour juger que la politique actuelle est inscrite dans l'ADN de la social-démocratie - pour les uns, vouée à se montrer raisonnable