Jeudi soir, un garçon de 17 ans est mort dans les quartiers Nord de Marseille, le corps criblé de 23 balles de pistolet-mitrailleur. Ces derniers mois, plusieurs tentatives ont visé des mineurs. Un adolescent de 17 ans, déjà, avait été abattu en décembre 2011. Comment expliquer que des victimes aussi jeunes soient la cible de règlements de comptes, longtemps réservés à des hommes plus âgés, inscrits dans le grand banditisme ? Peut-être par le rajeunissement des acteurs dans les réseaux de vente de cannabis. Et par leur plus forte exposition, en première ligne.
Chercheur à l’Institut des hautes études de la sécurité et de la justice, Nacer Lalam a travaillé sur une base de données de l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (Ocrtis). Il a découvert qu’en 2008, près de 10% des trafiquants de cannabis interpellés en France avaient moins de 18 ans, un tiers avait moins de 21 ans (1).
Semi-banditisme. Déjà présents en aval du trafic, à la culture du cannabis, les mineurs se retrouvent aussi en amont, à la vente au détail. Les peines plus faibles qu'ils encourent poussent les dealers à les placer aux avant-postes. Le développement des réseaux oblige aussi à recruter plus jeune, pour faire face au besoin de main-d'œuvre, et la progression d'aînés vers un semi-banditisme libère également des places pour la génération suivante.
Au départ, des gamins en rupture de scolarité trouvent dans ces réseaux de vente une socialisation