Menu
Libération
EDITORIAL

Attente

Article réservé aux abonnés
publié le 15 mai 2013 à 22h11

Temps maudit du discours politique français : le futur. Au pouvoir comme dans l’opposition, la droite préfère se draper dans son long manteau de cathédrales et contempler la grandeur perdue de la nation, jadis si bien protégée par ses frontières géographiques, culturelles et mentales. Elle parie simplement avec cynisme sur le conservatisme d’un électorat tétanisé par la mondialisation malheureuse. Jusque-là, la gauche prenait en charge naturellement la position inverse, mais elle ne semble plus croire elle-même au progrès, ni donc à la capacité de la politique à penser le temps long et à construire l’avenir. Les «efforts» ? Sans doute sont-ils nécessaires. Les «réformes» ? Si le mot est usé à la corde et ne fait plus rêver qu’au Medef, admettons que la chose puisse être utile. Mais quel est le point de perspective de cette action ? Quel horizon dessine-t-elle pour la France, et notamment sa jeunesse, qui peut avoir à juste titre le sentiment de vivre dans un vieux pays bloqué, verrouillé, muré dans ses strates sociales, elles-mêmes établies sur des plafonds de verre, voire de béton ? Toutes ces questions se posent à François Hollande, d’autant que pendant la campagne, il semblait avoir pris la mesure de cette attente. Après un an de pouvoir, celle-ci reste entière, dramatiquement vive car pour l’instant déçue. Parler au futur et se projeter dans l’avenir, alors que la crise déploie toute sa violence économique et sociale, mais aussi politique et morale, n’est ni dilatoire ni