La tête dans le guidon, le plus souvent. Les yeux dans le rétroviseur, parfois. Tourné vers l'avenir, trop rarement. A l'image de son président, qui tient aujourd'hui à l'Elysée la deuxième conférence de presse de son quinquennat, le système démocratique français souffre d'un court-termisme structurel, sous la pression conjuguée de l'élection, de l'opinion et du rythme médiatique. Ce que Gilles Finchelstein, patron de la Fondation Jean-Jaurès et poids lourd de l'agence Havas Worldwide, a défini plus largement comme une «dictature de l'urgence». Dictature d'autant plus mortifère pour la démocratie que l'incapacité du politique à «changer la vie» (François Mitterrand) ou à «réenchanter la gauche» (François Hollande) est actée par de plus en plus de citoyens. Réussir à embrasser le futur sans esquiver le présent, être à la fois l'architecte qui projette et le pompier qui protège, tel est l'enjeu au long cours – et à la fois le défi urgent – pour l'actuel locataire de l'Elysée (lire notre article). Peut-être plus encore que pour ses prédécesseurs.
«Myopie». Pendant sa campagne et après un quinquennat de l'immédiat sous Sarkozy, le candidat Hollande avait tenté de réconcilier ces deux horizons en revendiquant le temps (plus) long comme un pilier de son identité prési