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Libération

Défense : la France à la foire du drone

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En acquérant deux Reaper américains pour permettre à l’armée de combler un retard stratégique, Jean-Yves Le Drian provoque un débat sur l’utilisation des avions sans pilote.
publié le 19 mai 2013 à 21h56

Nécessité fait loi. Après un an de réflexion et d'hésitations, le gouvernement de François Hollande s'est résolu à acheter deux drones américains sur étagère - des Reaper, fabriqués par l'entreprise General Atomics. Le Pentagone a donné son accord, dit-on à Paris, lors d'une rencontre vendredi, à Washington, entre Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, et son homologue américain, Chuck Hagel. Reste à obtenir le feu vert du Congrès pour que deux appareils sortant des chaînes de montage et destinés normalement à l'armée américaine soient finalement vendus aux Français. Prise sous la contrainte, cette décision était préconisée par la haute hiérarchie militaire depuis des mois, tant les aéronefs dont dispose le pays sont à bout de souffle. Paris possède quatre drones d'observation dits de moyenne altitude et de longue endurance («Male»), dont deux sont mis à rude épreuve dans le Sahel, après l'avoir été de longs mois durant en Afghanistan, un troisième servant à fournir des pièces de rechange. Autant dire qu'il y avait «urgence», comme l'a reconnu hier Jean-Yves Le Drian sur Europe 1.

«Incurie». Achetés dans les années 90, ces drones - des Harfang de fabrication israélienne «francisés» par EADS - sont à bout de souffle. «C'est même un miracle qu'ils aient tenu jusqu'ici», note un expert. Selon la revue spécialisée Air et Cosmos, une vingtaine de Français partiraient se former dans les toutes prochai