Ils sont autour de la même table. Ils s’écoutent poliment, s’approuvent d’un hochement de tête. Militants UMP et FN de Gamaches, 2 800 habitants dans la Somme, ils ne se connaissaient pas. Les voilà main dans la main, sur une liste d’alliance élaborée pour faire tomber le maire communiste aux prochaines municipales, en mars 2014. C’est la première du genre dont on entend parler et, à ce titre, le symbole d’un effacement de la digue censée séparer la droite de l’extrême droite.
Quelques jours seulement après la révélation de l'accord, par le Courrier picard, Arnaud Cléré, la tête de liste, s'est fait exclure de l'UMP. «C'est contraire à notre ligne politique, cela fait partie des fondamentaux. Je lui ai dit : "Tu ne peux pas rester dans la famille"», explique Jérôme Bignon, le secrétaire départemental de l'UMP, qui le connaît depuis quinze ans et jure «être tombé des nues». «Cela met en évidence la fracture de l'UMP», analyse pour sa part Nicolas Bay, secrétaire général adjoint du Front national. «Copé a demandé l'exclusion parce qu'il a peur d'un phénomène de contagion.» De fait, Gamaches est, sans doute, une préfiguration. Au FN, on l'espère en se frottant les mains. «Cela va se reproduire dans d'autres villes : l'élite UMP est déconnectée de la base, sectaire ; la base est révoltée. Mais qu'ils continuent comme ça, de nombreux patriotes vont nous rejoindre», prédit Steeve Briois, secrétaire général frontiste.