C'était une totale rupture avec ce qui fut la position de la France. Alors que la droite puis la gauche allemandes lui avaient deux fois proposé, depuis 1995, de marcher vers un fédéralisme européen et que la France avait toujours refusé cette perspective par crainte d'y perdre sa liberté de mouvement, François Hollande a soudain repris cette idée à son compte. Elle est maintenant sienne. Il s'agit là - puisqu'il faut le souligner - d'un fait majeur engageant la parole de la France. Le chef de l'Etat a souhaité que l'Union change de braquet sous deux ans pour devenir une «union politique» et l'a très concrètement appelée à se doter d'un «gouvernement économique» ; à entreprendre l'harmonisation de ses politiques fiscale et sociale ; à débloquer immédiatement 6 milliards pour lutter contre le chômage des jeunes ; à investir en commun dans les industries d'avenir ; à créer une «communauté européenne de l'énergie» et à donner un budget propre à la zone euro. Jamais un président de la République n'avait aussi clairement prôné le fédéralisme mais pas un seul des journalistes français présents à cette conférence de presse, pas un seul, n'a rebondi sur ce qui était pourtant l'essentiel des déclarations de François Hollande. Du remaniement au Trocadéro, on a eu droit à tout mais l'Europe ? Rien, pas une seule question sur ce petit sujet sans importance, rien qu'un silence abyssal qui en dit long sur la disparition de l'Europe des écrans français et le fonc
TRIBUNE
Il faut mieux entendre ce qu’a dit Hollande
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par Bernard Guetta
publié le 21 mai 2013 à 19h06
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