Sociologue, spécialiste de l’extrême droite, Erwan Lecœur a contribué à une note de Terra Nova, «l’axe UMP-FN : vers le parti patriote ?», publiée l’an dernier.
Y a-t-il une convergence entre FN et UMP ?
Le lepénisme est devenu un mode de pensée. Ce n’était qu’un courant du FN, une façon de s’adresser à la société et de décrire un tableau apocalyptique d’une France à la dérive, c’est devenu une façon de parler commune à l’UMP. Patrick Buisson avait les codes, maîtrisait le langage et il l’a vendu très cher à Nicolas Sarkozy. Jusqu’à ce que le candidat parle le Le Pen dans le texte. Au moment du discours de Grenoble, pour la première fois, un président utilise le triptyque, immigration = insécurité = chômage. Cette évolution avait pour but de préempter un électorat commun. De l’autre côté, au sein du FN, le marinisme applique la stratégie imaginée par Bruno Mégret en son temps, qui pariait sur l’éclatement de la droite pour accéder au pouvoir. Elle vise à assécher la droite en respectabilisant la tête du FN, sa vitrine, et à batailler pour la prééminence dans l’opposition. Marine Le Pen part aujourd’hui à la reconquête de cet électorat perdu en 2007 et redonne espoir à son camp, sur le thème lepéniste «ils vous ont menti, on vous dit la vérité».
La liste d’union à Gamaches préfigure-t-elle d’autres alliances électorales ?
Oui, sans doute. On sent une sorte de révolte d’un peuple de droite et d’élus locaux qui veulent gagner, car ils ont l’impression d’avoir le vent en poupe après le succès des manifs pour tous et l’impopularité de Hollande… Dans le Sud, dans l’Est, dans beaucoup d’espaces périphé