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Libération
Interview

«Au PS, existe toujours une aile gauche avec une voix qui porte»

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Pour l’historien Mathieu Fulla, sous la Ve République, les socialistes n’ont jamais mené une politique véritablement sociale-démocrate.
publié le 23 mai 2013 à 20h56

Pour Mathieu Fulla, historien et chargé de cours à l’université de Rouen, la défense d’un Etat fort et régulateur a longtemps bridé la conversion des socialistes à la social-démocratie.

Photo DR

François Hollande est-il un social-démocrate honteux ?

La social-démocratie a toujours été taboue au sein du Parti socialiste. Non seulement depuis 1945 et la Libération, mais finalement depuis le congrès de Tours, en 1920. A partir de cette date, le poids du Parti communiste pèse sur toutes les orientations du PS jusqu’au début des années 80. Avant les années 90, le PS ne pouvait pas complètement assumer un discours acceptant le capitalisme et l’économie de marché parce qu’il y avait constamment sur son aile gauche une force communiste se réclamant toujours du marxisme.

Aujourd’hui avec un PCF affaibli, pourquoi le PS ne se déclare-t-il pas ouvertement converti à la social-démocratie ?

Au sein du PS, existe toujours une aile gauche avec une voix qui porte. Une part significative des militants conservent toujours un attachement sentimental au discours anticapitaliste. Si le PS n'assume pas aujourd'hui ce virage, il existe aussi des raisons plus positives liées, au sein de ce parti, à la culture d'un Etat fort et protecteur, à une forme de volontarisme politique. Ajoutez à cela que les personnalités politiques issues de ce parti ont fait leurs, depuis François Mitterrand, la lecture présidentielle de la Ve République. Ce qui est en contradiction avec la tradition sociale-démocrate fondée sur le primat du compromis passé par les partis s'en réclamant avec le patronat.

La politique menée par le président de la République répond-elle aux caractéristiques d’une politique sociale-démocrate ?

En tout cas, il a essayé, avec la recherche de ce qu'il a appelé le «compromi