L'adage revient dès qu'on compare le PS au SPD. Contrairement aux camarades allemands, les socialistes Français n'auraient jamais fait leur «Bad Godesberg» – du nom du congrès, en 1959, où le SPD rompt avec son héritage marxiste – en s'assumant comme un parti social-démocrate. «Il y a un problème de définition, avance Laurence Rossignol, porte-parole du PS. Lorsqu'on veut dire que le PS se droitise, on dit qu'il est social-démocrate. C'est une erreur de langage.»
Au PS, on convient qu'il manque en France les conditions nécessaires pour se dire «social-démocrate» : une réelle culture du compromis dans la société ; des syndicats forts, liés aux partis. «Les Allemands sont sociaux-démocrates par la démocratie sociale qu'ils construisent, souligne Estelle Grelier, députée PS et vice-présidente du groupe France-Allemagne à l'Assemblée. Il y a des sociaux-démocrates allemands qui sont plus à gauche que des socialistes français !»
Dans les couloirs du Palais-Bourbon, on compte sur Hollande pour amorcer la bifurcation de la société française vers une social-démocratie. Et embringuer le PS avec… «Il faut dépasser notre culture du conflit pour entrer dans la culture du compromis», défend Thierry Mandon, porte-parole des députés socialistes. «C'est difficile à accepter pour des camarades nourris aux textes et la théologie marxiste», ajoute son collègue Carlos Da Silva, proche de Manuel Valls. Pas franchement du goût de l'aile gauche :