Françoise Laborde, par Fred Kihn, pour
Libération
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Elle a parfois le sentiment contrarié que le terme «laïcité» est devenu un gros mot. Alors, confie Françoise Laborde (aucun lien avec son homonyme présidente du CSA), elle fait désormais attention à tout ce qu'elle dit. «Ça fait mal de se faire traiter d'islamophobe», soupire-t-elle. Début 2012, avec le soutien du groupe socialiste, cette sénatrice radicale de gauche s'est fait connaître en faisant adopter au Sénat une proposition de loi sur l'obligation de neutralité religieuse pour tous les professionnels de la petite enfance. Assistantes maternelles, exerçant à domicile, comprises. Le texte ne ciblait aucune religion en particulier mais visait de fait les très nombreuses nounous musulmanes portant le voile. La proposition de loi avait violemment divisé la gauche (verts, communistes et une poignée de socialistes avaient voté contre). Elle n'a jamais eu le temps d'arriver à l'Assemblée. Mais le texte est parti pour refaire surface, suite aux levées de boucliers suscitées par la récente décision de la Cour de cassation dans l'affaire de la crèche Baby-Loup, qui a donné raison à une salariée portant le voile. Françoise Laborde en a fait son combat et y travaille méthodiquement.
A peine François Hollande avait-il annoncé la mise en place d'un Observatoire de la laïcité, qu'elle lui envoyait sa candidature. Puis elle a «croisé très fort les doigts». Le 8 avril, cette sénatrice aussi discrète que bavarde