C’est un gars qui appelle un vieux pote. Ils se sont connus il y a longtemps en province, et se sont perdus de vue, le hasard des mutations, vous savez ce que c’est, le vieux pote est monté à Paris, du coup on se voit moins, forcément.
Le gars est tout excité. Il a une histoire incroyable.
Il paraît qu’un des nouveaux associés de son vieux pote, un type très haut placé, est un ripou. Il l’a appris par hasard, mais le tuyau est béton. Le vieux pote enregistre l’info, promet qu’il va se renseigner, voir ce qu’il en est, et qu’il va rappeler. Un jour, en effet, il rappelle. Ou plutôt, il fait rappeler par sa secrétaire. Le vieux pote décroche, la secrétaire le met en attente, petite musique, ça dure un quart d’heure et soudain, au bout du fil, ça raccroche. Après cette étrange tentative, le vieux pote ne rappellera jamais.
Mystère complet.
Et un jour, le gars balance toute l’affaire à la télé. Si ça intéresse la télé, c’est parce que le gars s’appelle Michel Gonelle, élu UMP de Villeneuve-sur-Lot, que le vieux pote se nomme Alain Zabulon, directeur adjoint du cabinet de François Hollande. Quant à l’associé ripou, on aura compris qu’il s’appelle Jérôme Cahuzac. Gonelle, tout naturellement, a donc été appelé à témoigner au premier jour des auditions de la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Cahuzac.
Et la chaîne parlementaire ayant eu la bonne idée de diffuser les auditions en direct, on est là, scotchés par le récit, vivant par le menu les déconvenues téléphoniques de Go