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Libération

«Vincent avait dit qu’il ne voulait pas vivre dans ces conditions»

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Les médecins avaient pris la décision de ne plus alimenter cet infirmier de 37 ans, dans le coma depuis quatre ans. Ses parents s'y opposent.
publié le 27 mai 2013 à 22h06
(mis à jour le 29 mai 2013 à 17h12)

Il le dit, avec justesse : «C'est de ma responsabilité. Face à des situations si particulières et si singulières, c'est à moi, médecin, de prendre la décision», insiste Eric Kariger, du CHU de Reims, où il dirige le pôle Autonomie et santé. C'était il y a quinze jours. De façon très exceptionnelle, la justice avait été saisie de l'histoire de Vincent, 37 ans, dans le coma depuis quatre ans, à la suite d'un accident de moto. Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne avait alors pris une «mesure conservatoire». Ordonnant le rétablissement de l'alimentation et de l'hydratation de Vincent, après la saisine de ses parents qui se déclaraient opposés à la décision des médecins.

Une décision peu banale, car depuis la loi Leonetti celle-ci est du ressort du médecin : à partir du moment où le praticien considère qu'il est dans une logique de «soins déraisonnables», il peut arrêter ou limiter les soins curatifs, en particulier l'alimentation et l'hydratation artificielle. «C'était et c'est mon intime conviction», nous explique le Dr Kariger. «Vincent était infirmier, il avait dit à plusieurs reprises qu'il ne voudrait pas vivre dans ces conditions. Depuis quatre ans, il est en pauci-relationnel (1). On voit sa femme, venir, souffrir beaucoup, sa sœur, sa fille aussi. Vincent nous donne aussi le sentiment d'être mal, de ne pas être confortable. C'est pour cela que j'ai pris cette décision.» Mais voilà, les parents de Vincent