Guy Carcassonne conseiller politique écouté, oui. Guy Carcassonne, expert juridique talentueux, oui. Guy Carcassonne, commentateur subtil de la vie politique, oui. Mais surtout, Guy Carcassonne, universitaire, Guy Carcassonne, professeur de droit public. Jamais il n’a manqué à la robe que le doyen Georges Vedel lui avait léguée. A l’étranger, il allait souvent pour aider à la rédaction d’une nouvelle Constitution ; dans les commissions et comités chargés de réfléchir à telle ou telle innovation, il était souvent appelé. Mais il était toujours là pour participer à la vie universitaire, aux jurys de thèses, aux colloques, aux travaux des sociétés savantes et en particulier à l’Association française de droit constitutionnel. Et, bien sûr, il était toujours là pour ses étudiants, aussi bien ses doctorants, qu’il accompagnait avec intelligence, que les «première année», qu’il entraînait de sa voix chaude dans sa passion du jeu constitutionnel.
Car Guy était un artiste, un virtuose du droit. Il savait imaginer, inventer, créer, fabriquer des mécanismes juridiques, des systèmes d’équilibre politique et des accords inattendus (comme l’étaient les couleurs de ses tenues vestimentaires !) ; il savait tout aussi bien manier, jouer, jongler avec les règles du jeu politique ; il savait encore dire, communiquer, transmettre cette manière de faire le droit. Il n’était peut-être pas un théoricien ou un philosophe du droit en ce qu’il n’a pas cherché à construire un système de normes ni cherc