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Interview

Affaire Tapie : «Il fallait évidemment le feu vert de l’Elysée pour l’arbitrage»

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Pour François Bayrou, patron du Modem, l’Etat doit se porter partie civile dans l'affaire qui a permis à l'homme d'affaire d'obtenir de l'argent face au Crédit Lyonnais.

François Bayrou en avril 2012. (Photo Reuters)
Publié le 30/05/2013 à 22h26, mis à jour le 31/05/2013 à 1h53

Pour le président du Modem, François Bayrou, l'Etat a «le devoir de déposer un recours contre l'arbitrage» rendu en faveur de Tapie.

Pensez-vous que Nicolas Sarkozy a facilité l’issue de l’arbitrage qui a conduit le CDR (le Consortium de réalisation, l'organisme dépendant de l'Etat français chargé de solder les vieilles affaires de l'ex-banque publique Crédit Lyonnais) à verser 403 millions d’euros à Bernard Tapie ?

Sous la Ve République, en particulier entre 2007 et 2012, il n'est pas imaginable qu'une affaire de cet ordre soit traitée sans approbation de l'Elysée. On demande un tel accord pour la nomination d'un recteur ou d'un sous-préfet ! Alors pour 400 millions, dans un tel climat de contestation, il faut évidemment le feu vert de l'Elysée ! Il faut que l'Elysée approuve l'ensemble du scénario. Cela ne fait aucun doute.

La présidence peut-elle avoir approuvé la procédure mais sans interférer dans l’arbitrage ?

Je n’en sais rien. Que disent les juges d’instruction ? Primo, la qualification «d’escroquerie» définit qu’il y a eu détournement d’argent sans cause fondée, et secundo que cette dérive est le fait d’une bande organisée. Il y a donc une organisation qui a décidé et mis en scène cette manœuvre. Bien entendu, cette chaîne de décisions exigeait la pleine implication des responsables politiques.

Néanmoins, après son audition devant la Cour de justice de la République, Christine Lagarde a été placée sous le statut de témoin assisté mais pas mise en examen…

C'est en effet le cas à ce stade. Mais l'instruction est toujours en cours. J'ai été frappé que Mme Lagarde déclare que si elle avait eu les informations dont elle dispose aujourd'hui, elle n'aurait pas pris cette décision. C'est une déclaration très importante. Et les Français ont le droit de savoir de quelles informations sensibles il s'agit. Enfin, si la qualification d'escroquerie est confirmée, les magistrats chercheront qui en sont les responsables. Je suis de ceux qui se demandent qui sont les responsables et que