Si d’aventure on se risquait à faire la genèse de l’affaire Tapie, il faudrait remonter à… 1993. Vingt ans de manigances et de coups tordus, de rendez-vous obscurs en discussions secrètes, où le politique, l’économique et le judiciaire se mêlent sans que jamais lumière ne soit vraiment faite. De ces deux décennies, on ne retient que le pire, entre accusations, soupçons et mises en cause qui viennent alimenter le sentiment de plus en plus répandu d’un système de pouvoirs où la seule règle qui vaille est celle du «tous pourris». C’est en cela que la mise en examen de l’ancien haut magistrat Pierre Estoup pour «escroquerie en bande organisée» interpelle, parce qu’elle renvoie une nouvelle fois à la dimension politique potentiellement explosive d’une affaire où les liens entre Bernard Tapie et la Sarkozie ne peuvent pas être ignorés. François Bayrou - dont on peut au moins reconnaître la constance sur le sujet - assure une nouvelle fois qu’on se doit désormais d’envisager une manœuvre organisée au sein même de l’Etat, pointant directement vers l’Elysée et son président d’alors. Si personne n’a les réponses, il est légitime de poser les questions. Qui savait quoi ? Qui a favorisé qui ? Quel fut le rôle précis des principaux acteurs de ce dossier, de Claude Guéant à Stéphane Richard, en passant par Nicolas Sarkozy lui-même ? La justice a le devoir d’aller au bout de la vérité et de ne rien laisser au hasard, sous peine de voir encore se renforcer la défiance du public envers la cl
EDITORIAL
Manœuvre
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publié le 30 mai 2013 à 22h16
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