Menu
Libération
Interview

«Si le loyer double, on est contraint de fermer»

Article réservé aux abonnés
Isabelle Maillot, de la librairie Musicalame, à Lyon, travaille avec une seule salariée :
publié le 4 juin 2013 à 22h26

«J’ai ouvert ma librairie en 2005, dans le centre de Lyon, et je l’ai spécialisée dans la musique et la danse. Nous sommes deux, une salariée et moi. J’ai fini de payer les prêts, l’entreprise est lancée, mais j’ai dix fois plus de projets que ce que je peux faire. Ce qui me brime, c’est le manque de fonds propres : je n’ai pas les moyens d’investir pour me développer. Les millions alloués par le ministère de la Culture pour renflouer notre trésorerie ne sont que des prêts, à taux zéro certes, mais ce ne sont pas des subventions ! Ils serviront à dépanner des libraires sur quelques mois, mais devront être rendus pour que d’autres en profitent.

«Pour moi, une grande partie de l’activité est délocalisée. J’approvisionne la boutique de l’auditorium de Lyon et certains festivals. Cela m’oblige à jongler car je ne peux pas embaucher, et il faut faire attention à ne pas laisser sa marge dans le transport des bouquins. En fait, pour s’en sortir, on doit être animateurs de soirées, webmasters, restaurateurs, gardes d’enfants…

«Aujourd’hui, on est à peu près à l’équilibre mais c’est fragile, il suffirait que le loyer double pour qu’on soit contraint de fermer. Amazon est notre gros problème. Quand on dit à un client qu’il faut une semaine pour obtenir son livre, il se rue dehors en pianotant sur son smartphone ! On est beaucoup à militer pour que nos fournisseurs nous accordent la gratuité de port et pour que la loi Lang soit modifiée, afin que le prix unique soit vraiment unique. Amaz