Dans l’affaire Bettencourt, il va falloir se résoudre à oublier le fond du dossier pendant quelques semaines. Et parler procédure, toute la procédure, rien que la procédure.
Dépaysement. L'enjeu pour les avocats qui la contestent ? Faire tomber la mise en examen de Nicolas Sarkozy, soupçonné d'abus de faiblesse envers l'héritière de L'Oréal pour lui avoir soutiré de l'argent en 2007 lors de sa campagne présidentielle. Faire tomber, également, celle des six autres personnes poursuivies dans le dossier, dont l'ex-ministre Eric Woerth ou le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre.
Hier, la Cour de cassation a rejeté une de leurs premières demandes. Il s’agissait pour les magistrats de décider si l’instruction menée à Bordeaux devait se poursuivre d’ici au 18 juin (date d’examen de la demande principale), alors que des liens de proximité étaient apparus entre le juge Jean-Michel Gentil et l’une des médecins expertes nommées.
Sophie Gromb, chargée avec quatre autres experts d'examiner l'état de santé de Liliane Bettencourt, avait été en effet témoin au mariage du juge. «Gravissime», avaient embrayé les avocats de la défense, qui ont donc demandé cette semaine que les magistrats (ils sont trois à mener l'instruction) soient dessaisis et le dossier dépaysé dans une autre ville. Cette «requête en suspicion légitime», comme on l'appelle dans le jargon juridique, sera examinée le 18 juin. Patrice Spinosi, l'avocat des mis en examen auprès