Un jour d'octobre 2012. Dans la presse, le «Ayrault bashing» bat son plein depuis plusieurs semaines. Sur le perron de l'Elysée, Bernard Poignant, maire de Quimper et intime de François Hollande, croise le Premier ministre. «En fait, tu es le Pierre Mauroy de François», lui glisse-t-il en guise de remontant. Jean-Marc Ayrault sourit. Et savoure l'encouragement. Dans l'imaginaire socialiste, difficile de trouver plus bel hommage. Mauroy a toujours eu les épaules suffisamment larges pour réunir les aspirations parfois contradictoires du PS. Il incarne à la fois l'idéal et le réalisme, la fidélité aux classes populaires et le pari européen, la relance de 1981 et la rigueur de 1983.
Assumé. Entre les deux hommes, il y a, c'est vrai, quelques similitudes. Enseignants tous les deux. Maires de grandes villes. La même fibre sociale-démocrate. Et cette rigueur, en guise de politique économique. Sauf qu'en 1983, on n'a pas encore atteint les 2 millions de chômeurs et qu'ils sont plus de 3 millions aujourd'hui. Sauf qu'en 1983, cette rigueur était un «tournant», alors qu'elle est devenue un «préalable».
A réécouter les interventions de Pierre Mauroy à l'époque, on est surpris d'entendre un Premier ministre de gauche assumer ce mot «rigueur». En mai 1983, dans son discours de politique générale, il déclare à l'Assemblée nationale : «Un effort justement réparti, voilà la différence entre la rigueur de gauche et l'austérit