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Interview

«Mauroy, à la fois la continuité et le renouvellement du socialisme»

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Le politologue Henri Rey revient sur l'importance de l'ancien Premier ministre, décédé vendredi, dans l'histoire de la gauche française.
Pierre Mauroy (à gauche), à l'Elysée avec Francois Mitterrand, le 22 mai 1981. (Jean-Claude Delmas. AFP)
publié le 7 juin 2013 à 14h42

Les hommages se multiplient depuis l'annonce, ce matin, du décès de Pierre Mauroy. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a salué «un pilier du socialisme démocratique qui s'en va». Pour Henri Rey, politologue au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), l'homme incarne à la fois «la continuité et le renouvellement du socialisme des années 70 et 80».

Qu'évoque en premier la figure de Pierre Mauroy ?

Il reste l'homme de l'alternance de 1981. En tant que premier Premier ministre de François Mitterrand, il est l'homme des réformes symboliques, marquées à gauche, du début du septennat.  L'homme qui permet d'appliquer certaines grandes promesses du programme commun : nationalisations, 39 heures, cinquième semaine de congés payés, abolition de la peine de mort, etc. Il est aussi celui qui incarne l'alliance, finissante, entre le PS, le Parti communiste et les radicaux de gauche.

Comme l’a rappelé ce matin le chef de l’Etat, il fut aussi «l’homme des restructurations industrielles, ce qu’on avait appelé un moment de rigueur»...

Dans l'histoire de la gauche, on retient surtout les grandes conquêtes sociales. On ne parle par exemple pas beaucoup de la triste fin du Front populaire. Et dans la mémoire de la gauche, Pierre Mauroy est rattaché à 1981, aux manifestations de la Bastille, etc. Il est pourtant bien celui qui, en 1983, face aux contraintes économiques, inflation et chômage, va initier ce tournant de la rigueur, une politique réaliste mais moins flamboyante. Il est enfin l'homme