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Libération
Interview

Paris affranchi

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Dugommier a sa place dans le XIIe arrondissement, mais était-il maître ou esclave ? De la traite à l’abolition, de l’abbé Grégoire au général Gobert, l’historien Marcel Dorigny présente un parcours captivant dans la capitale.
publié le 7 juin 2013 à 21h21

«L'esclavage est la négation de l'être humain pour le réduire à l'état de force de travail brut. Il n'est attaché ni à une civilisation, ni à un espace géographique, ni à une époque donnée : il a été l'une des formes les plus constantes de la domination absolue d'hommes par d'autres hommes.» Marcel Dorigny et Bernard Gainot définissent ainsi cette pratique universelle dans leur Atlas des esclavages, de l'Antiquité à nos jours. Maître de conférences à Paris-VIII, Marcel Dorigny appartenait au premier Comité pour la mémoire de l'esclavage et préside l'Association pour l'étude de la colonisation européenne. C'est aussi un fin connaisseur de la capitale française, jadis capitale d'Empire. Il prépare actuellement un guide sur le Paris colonial-Paris anticolonial, cartes à l'appui… Avec lui, suivons le guide des lieux de mémoire parisiens, souvent refoulés.

La carte se concentre sur l’Est parisien…

L'Ouest ne s'est urbanisé qu'à la fin du XIXe siècle, donc on a zoomé sur l'Est et le centre.

Pour beaucoup, les noms cités sur le plan n’évoquent rien de précis…

Parfois, il y a même des contresens. Dans le XVIIIe arrondissement, un ensemble de rues autour du marché de La Chapelle, près du métro Marx Dormoy, porte les noms des colonies esclavagistes d'Amérique, rue de la Guadeloupe, rue de la Martinique, rue de la Louisiane et même rue du Canada. On entre dans ce quartier par une rue aujourd'hui piétonne : la rue de l'Olive. Bien qu'un des restaurants qui y figurent se nomme l'Olivier, son enseigne n'a rien à voir avec l'olive, mais avec Charles Liénard de