Délices du «vu à la télé». Lorsqu'il tend la main, puis ses tracts à la volaillère du marché de Béziers (Hérault), Robert Ménard, petit bonhomme proche de la soixantaine, se rengorge : «Oui, bien sûr, vous savez qui je suis…» Le Front national aussi le connaît bien. Le parti d'extrême droite n'en revient toujours pas d'avoir attiré dans ses rets l'ex-patron et fondateur de Reporters sans frontières (RSF), devenu polémiste radio-télé sur le créneau néoréac. Jeudi, le numéro 2 frontiste, Louis Aliot, était à Béziers pour sceller l'affaire lors d'une conférence de presse : pas de liste FN aux municipales, mais un soutien du parti à celle de Ménard, qui sera selon lui «apolitique, allant de l'extrême droite à la gauche». Cette ville est désormais un «laboratoire», a souligné Aliot.
La prise de guerre est si belle qu’aucune contrepartie n’est - officiellement - demandée à Ménard. Pas même l’étiquette du Rassemblement bleu marine que l’avocat Gilbert Collard s’était accolée pour devenir député, voilà un an, dans le Gard voisin. Proches du nirvana de la dédiabolisation, les stratèges du FN vont pouvoir aller partout en France proposer «le pacte de Béziers». A savoir le soutien du FN contre des militants du parti en position éligible dans les prochains conseils municipaux. Et ainsi institutionnaliser, à peu de frais, cette implantation locale si nécessaire à l’objectif prioritaire de maillage national du territoire.
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