Plus jamais ça ! Chaque fois qu’une guerre se termine, tout le monde défile en scandant «Plus jamais ça». Et puis, il y a «ça» encore et partout comme aujourd’hui les armes chimiques en Syrie. Chaque fois qu’une catastrophe nucléaire inquiète les consciences, tout le monde défile en scandant «Plus jamais ça». Et puis, il y a «ça» encore et partout à Fukushima comme à Tchernobyl. Chaque fois que le Front National menace la démocratie, tout le monde défile en scandant «Plus jamais ça». Et puis, il y a «ça» encore et partout comme dans le Gard ou le Var.
Chaque fois qu'un assassinat politique est commis, tout le monde défile en scandant «Plus jamais ça». Et puis, il y a «ça» encore et partout comme le meurtre de Clément Méric. «Ça», c'est l'état de nature où l'homme est un loup pour l'homme écrivait Hobbes ; c'est le lieu primaire où s'expriment librement toutes les pulsions sans entraves, sans contraintes et sans freins ; c'est la violence sans nom. Demander «plus jamais ça», c'est donc demander aux hommes de transformer leur animalité en citoyenneté sociale ; c'est demander aux hommes de travailler à l'élaboration d'une pensée et de règles qui permettent le vivre-ensemble ; c'est demander aux hommes de mettre le nom d'homme sur chaque autre que lui. Travail de soi sur soi, travail d'une société sur elle-même, travail difficile et surtout jamais terminé. Il faut lire le livre de Jean Teulé, Mangez-le si vous voulez (Julliard, 2009) pour voir que la bête est toujours là