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Interview

«Ils partagent un état d’esprit de clan, de meute»

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Stéphane François, chercheur au CNRS, détaille le profil des jeunes appartenant à des groupes ultraradicaux.
publié le 13 juin 2013 à 22h26

Historien et politologue, Stéphane François travaille sur la mouvance de l’ultradroite radicale et les subcultures «jeunes». Chercheur associé au Groupe sociétés religions laïcités (GSRL) du CNRS, il explique qui sont et d’où viennent les jeunes skins aujourd’hui.

Existe-t-il des liens entre les groupuscules ultraradicaux et marginalisés et les partis d’extrême droite plus classiques ?

Des liens existent effectivement entre ces différents milieux. Parler de connivence serait un peu exagéré. Il y a toujours des confrontations de personnes, des rencontres, des contacts entre les groupes. Même s’ils passent leur temps à s’invectiver, s’insulter ou se taper dessus, ce qui peut arriver, il n’en reste pas moins que les ennemis d’hier peuvent s’allier dans un cadre ponctuel et faire le coup-de-poing ensemble, si je puis dire. Même si les skins ont toujours été mal vus par le Front national, cela n’empêche pas que certains d’entre eux ont pu être utilisés pour renforcer le service d’ordre du parti d’extrême droite.

Constituent-ils des bataillons de gros bras pour les partis plus présentables ?

Oui et non. Les boneheads, c'est-à-dire les skins d'extrême droite, sont considérés comme des gens ingérables. Dans les faits, dès qu'ils étaient présents dans certaines manifestations, cela se soldait toujours par des incidents. Les seuls bien tenus et qui obéissent sont les troupes de Serge Ayoub (lire aussi page 3), les Jeunesses nationalistes révolutionnaires et Troisième Voie.

Comment expliquer cette prolifération de groupuscules radicaux ?

Cela a toujours été le cas à l’extrême droite. En 1972, le Front national est parvenu à faire la synthèse entre ces différentes chapelles, mais les divisions tiennent à des différences idéologiques. U