S’il fallait encore en faire la preuve, c’est fait depuis le premier tour de l’élection législative partielle du Lot-et-Garonne : Marine Le Pen est beaucoup plus dangereuse que Jean-Marie Le Pen. Elle n’a pas la culture et l’éloquence de son père mais elle ne porte pas le fardeau d’une biographie embarrassante, elle se garde des dérapages, elle veille à ce que son entourage visible ne soit pas trop encombrant.
Depuis qu'elle a hérité de l'extrême droite, elle a tout fait pour dédiaboliser le Front national et elle y est malheureusement parvenue. C'est la grande différence avec son père : il ne voulait pas le pouvoir, il se satisfaisait de la transgression tribunitienne, pourvu qu'elle permette de compter, de déranger, d'incarner la nostalgie de l'Empire colonial, de la puissance, de la force, de l'autorité, de l'éclat, de la race. Jean-Marie Le Pen campait avec verve, avec morgue dans le souvenir d'une France des années 30 qui a sombré avec la IIIe République. Il était l'homme du passé.
Marine Le Pen, elle, n’a cessé de penser à l’avenir. Son père était le fruit des guerres, des défaites, des groupuscules violents hantés par le déclin. Elle est au contraire la fille des crises économiques et du désespoir social. Elle construit sa stratégie sur la dislocation de la société française, sur l’incapacité des majorités alternatives à sortir de l’enlisement économique, sur l’usure des partis politiques classiques, sur le rejet virulent des élites. Elle métamorphose ainsi p