C'est une première. A partir de ce jeudi, un colloque de grande ampleur entièrement dédié au Front national va se tenir sur deux jours avec une vingtaine de chercheurs. Le FN y sera passé au crible, examiné sous toutes les coutures. Parmi les thèmes discutés : le FN sur la Toile, le Front national à la conquête des esprits, think tanks, conseil scientifique et formations internes, ses réseaux européens, les logiques du vote... «On voulait marquer le coup, mais pas juste au moment des 40 ans du parti, en octobre dernier, pour ne pas faire commémoratif», explique le sociologue Sylvain Crépon, organisateur avec Alexandre Dezé de cette rencontre intitulée «1972-2012, retour sur 40 ans de Front national» à l'université de Nanterre. «Le FN est souvent vu comme un ennemi politique qu'on ne connaît pas bien», dit il encore. D'où l'utilité de ces recherches, effectuées en plongée, parfois en apnée. Car c'est bien un objet composite, mouvant, vivant... Comment les chercheurs appréhendent-ils ce terrain ? Avec quelles précautions ? Quelles inquiétudes, parfois ? Trois d'entre eux ont répondu à Libération.
«Je respecte les mêmes règles qu'avec n’importe quel autre parti»Sylvain Crépon, 44 ans, chercheur au laboratoire Sophiapol de l’université Paris-Ouest Nanterre, intervient sur «le renouvellement générationnel des militants frontistes au prisme de la question idéologique»
«Je travaille en immersion, au contact des cadres et des militants du FN. Mon positionnement c'est d'être transparent : je dis ce que je fais et qui je suis, que je suis là pour retracer des trajectoires, les saisir. Inévitablement on m'interroge sur mes idées politiques. Je n'en par