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portrait

Anna Rosso-Roig. Affront renversé

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Candidate Front de gauche aux législatives 2012, cette juriste inquiète se présentera pour le FN aux municipales 2014.
Anna Rosso-Roig (Photo Olivier Monge.MYOP)
publié le 21 juin 2013 à 19h06

Ce soir-là, Anna Rosso-Roig distribuait des tracts pour le Front national devant un centre commercial des quartiers sud de Marseille. A ses côtés, un responsable frontiste répétait aux passants : «Elle était au Front de gauche et elle nous a rejoints !» C'était comme une prise de guerre qu'on exhibe aux ouvriers désorientés, aux chômeurs résignés. Anna Rosso-Roig, candidate Front de gauche aux dernières législatives, se présentera l'année prochaine aux municipales marseillaises sous l'étiquette du Rassemblement Bleu Marine. Une désertion que Jean-Luc Mélenchon solde d'une formule : «le Front national fonctionne comme un vide-ordures.» Les responsables marseillais du Front de gauche évacuent de leur côté le transfuge en parlant d'une girouette opportuniste. Est-ce vraiment si simple ?

Anna Rosso-Roig passe son temps à s'excuser de tout. D'être en retard, d'avoir mal compris un mot, de s'être mal exprimée. Elle semble inquiète d'un portrait d'elle, mais n'ose pas refuser. Le FN la pousse en avant, elle est aussi flattée que gênée. Attirée et soucieuse de cette lumière qui l'éblouit. Elle demande à plusieurs reprises ce que l'on comprend de son parcours, a peur que les lecteurs la prennent «pour la Boutin du FN». Elle est seulement vieille France, catholique et patriotique, et rejoint avec le FN des valeurs et un cocon, un refuge pour quelqu'un de très insécurisé, qui parle tout le temps de retrouver une «famille».

Le père était ouvrier à l'ars